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Sur les auteurs
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Dossier réalisé parRédaction : Antoine, Barbara, Dominique, Isabelle, Laurence H., Marianne, Monique et Sylvie Edition du dossier : Françoise B. |
Zoom sur la littérature francophoneIntroduction« Les quatre derniers écrivains de langue française ayant reçu et accepté le Prix Nobel de littérature sont des écrivains nés hors de la métropole (Camus en Algérie, Saint-John Perse en Guadeloupe, Beckett en Irlande et Claude Simon à Madagascar). Il faut désormais leur adjoindre Gao Xingjian, écrivain chinois de nationalité française, et Jean-Marie Gustave Le Clézio né à Nice, dont une partie de sa famille est originaire de l’île Maurice. Bernard Magnier, éditeur et responsable du Festival « Les littératures métisses » Michel del Castillo (né en 1933)« Je suis un enfant des livres, qui m’ont engendré, élevé, maintenu en vie » (Tanguy, 1995 p.9). Né à Madrid, del Castillo est plongé dans la guerre civile espagnole. Il part en France avec sa mère républicaine qui l’abandonne dans un camp de réfugiés. De cette trahison, jamais il ne se remettra. Son écriture s’ancre dans une blessure identitaire. L’écriture participe à sa reconstruction. L’Espagne est là en filigrane, la figure du père, de la mère. La France est le pays de la renaissance. Tanguy (1957)
Que va devenir Tanguy, le narrateur-écrivain ? De père français et Rue des archives poursuivent cette quête autobiographique. Tous les romans de Michel Castillo dans le catalogue des médiathèques Jorge Semprun (1923-2011)Issu d’une famille républicaine de la grande bourgeoisie madrilène, Jorge Semprun arrive à Paris en 1939 pour fuir la guerre civile espagnole. Il s’engage dans la Résistance et est déporté à Buchenwald. Membre du parti communiste espagnol, il luttera clandestinement contre le régime franquiste avant de devenir ministre de la Culture en Espagne de 1988 à 1991. Ayant vécu une grande partie de sa vie à Paris, il a rédigé la plupart de ses romans en français (Prix Femina, Membre de l’Académie Goncourt). Ses œuvres les plus connues sont consacrées à son travail de mémoire des camps de concentration (Le grand voyage, L’écriture ou la vie) mais l’exil et le déracinement affleurent également, avec une réflexion sur les rapports entre langue maternelle et langue de l’exil. Pour lui, la langue française est comme une nouvelle patrie, celle de l’écrivain. Par son bilinguisme, il déclare avoir deux patries. A noter d’ailleurs que ses textes sont truffés d’expressions et de citations de poètes espagnols. Adieu, vive clarté (1998)
Tous les romans de Jorge Semprun dans le catalogue des médiathèques Giulio Minghini (né en 1972)Nous ne savons pas grand-chose de cet écrivain qui n’écrit pas beaucoup, comme il l’avoue lui-même.
Coupes sombres, paru en 2012, montre que l’auteur n’est pas un imposteur de la langue française. Tous les romans de Giulio Minghini dans le catalogue des médiathèques Vassilis Alexakis (né en 1943)
Paris-Athènes (1997)Une autobiographie à écrire, mais dans quelle langue se demande l’auteur… « Comment peut-on choisir entre la langue de ses parents et celles de ses enfants ? ». Interrogation fondamentale pour celui qui se fait « l’effet d’un acteur qui se voit à l’écran en version doublée ». Alexakis, qui a l’impression d’être « son propre sosie » choisit ici certes le français, mais pour évoquer ses souvenirs d’enfance, son amour des deux villes chères à son cœur. L’ordre des mots qui composent le titre traduisent un désir profond de revenir au point de départ… Tous les romans de Vassilis Alexakis dans le catalogue des médiathèques Samuel Beckett (1906-1989)Poète, écrivain et dramaturge irlandais, il est avec James Joyce, qu'il rencontra à Paris en 1928 et avec lequel il se lia d’amitié, l'un des écrivains les plus novateurs de la culture contemporaine. Il s'installa en 1937 à Paris et participa à la Résistance pendant la guerre. Après guerre, il publie Molloy, Malone meurt et L’Innommable. En attendant Godot est joué à Paris en 1953, à Londres et à New York. Dorénavant, Beckett se consacre entièrement au théâtre et accède à la notoriété. Ses écrits d’avant-guerre sont très érudits notamment ses essais en anglais sur Joyce et Proust… Il traduit Breton, Eluard, Apollinaire, Joyce… Après guerre, dans un souci de simplification et d’épuration de son style, Samuel Beckett commence à écrire directement en français. A partir de 1944, l’auteur utilisera les deux langues en assurant lui-même une grande partie des traductions.
Dans "Oh les beaux jours" les personnages sont enterrés jusqu’à la taille, dans Comédie des têtes sont fichées dans des jarres. Des agonisants d’une création ratée, pris dans un enfer répétitif d’un temps immobile. Comme si la connaissance de l’humain et du langage ne pouvait se faire que par le vécu de cette déchéance ultime. Tous les romans de Samuel Beckett dans le catalogue des médiathèques Pia PetersenNée à Copenhague, ses parents vivaient en France quand ils divorcent. Elle a alors cinq ans et suit sa mère au Danemark. Mais elle ne s’y fait pas. Elle fait des « tentatives d’évasion », mais revient toujours au pays. Cette « Danoise déracinée » qui dit ne plus très bien maîtriser sa langue, écrit sur les problèmes sociétaux et s’interroge sur le devenir de l’humanité. Elle écrit sur les licenciements dans Passer le pont, le monde de l’art dans Iouri, le monde de la finance et la crise économique dans Un livre de chair, les multinationales, les réseaux sociaux et les hackers dans Le chien de Don Quichotte. Tous les romans de Pia Petersen dans le catalogue des médiathèques Andreï Makine (né en 1957)Son enfance se déroule dans un orphelinat en Sibérie. Très tôt, il est en contact avec la langue française. Il arrive à Paris en 1987 et demande l’asile politique. En 1995, il obtient la consécration littéraire avec Le testament français qui obtient les prix Goncourt, Médicis et Goncourt des lycéens. Le testament français (1995)
« Je me souvenais qu'un jour, dans une plaisanterie sans gaieté, Charlotte m'avait dit qu'après tous ses voyages à travers l'immense Russie, venir à pied jusqu'en France n'aurait pour elle rien d'impossible (...). Au début, pendant de longs mois de misère et d'errances, mon rêve fou ressemblerait de près à cette bravade. J'imaginerais une femme vêtue de noir qui, aux toutes premières heures d'une matinée d'hiver sombre, entrerait dans une petite ville frontalière (...). Elle pousserait la porte d'un café au coin d'une étroite place endormie, s'installerait près de la fenêtre, à côté d'un calorifère. La patronne lui apporterait une tasse de thé. Et en regardant, derrière la vitre, la face tranquille des maisons à colombages, la femme murmurerait tout bas : C'est la France... Je suis retournée en France. Après... après toute une vie. » Tous les romans de Andreï Makine dans le catalogue des médiathèques Agota Kristof (1935-1991)![]() La vie et l’œuvre d’Agota Kristof ont surtout été marquées par l’exil. Elle nait en 1935 à Csivand, en Hongrie, à la frontière austro-hongroise. La dernière année de la guerre, elle a 9 ans, ses parents s’installent à Köszeg, cadre de ses futurs romans. Après l’écriture de deux pièces jouées sur scène et la reconnaissance comme auteur radiophonique, Agota Kristof, poussée par « une nécessité d’écriture implacable », se lance dans l’écriture de son premier roman : Le Grand Cahier (1986) est la première partie d’une trilogie qui décrit l’histoire de deux frères jumeaux et lui vaudra un succès mondial. Le texte est glacé, l’écriture minimaliste. L’auteur jette un regard froid sur la guerre et le totalitarisme. Tous les romans de Agota Kristof dans le catalogue des médiathèques Brina Svit (née en 1954)Après avoir obtenu une maîtrise de littérature comparée et de français, elle qui ne s’est jamais sentie vraiment yougoslave, part s’installer en 1980 avec mari et enfants à Paris. Journaliste pour la presse slovène, scénariste et réalisatrice de courts métrages en France, elle est aussi écrivaine et écrit son premier roman en français en 2003. Moreno (2003)
La page devient le lieu de confrontation et de passage entre deux langues. Elle ne croit pas « au bilinguisme heureux » mais avoue vivre l’expérience d’écrire en français comme une libération, elle peut enfin parler de soi et des siens. Si elle écrit en français, « ça doit être aussi parce que je veux montrer mon vrai visage, celui d’aujourd’hui, celui qui a changé, qui est peut-être même en train de changer cette nuit ». Malgré l’angoisse de perdre sa langue d’origine, elle dit « avoir toujours été attirée et intriguée par les écrivains qui ont changé de langue ». Malgré sa difficulté à écrire en français, à mettre en mots sa pensée « cette langue est bien trop distinguée pour moi » Brina Svit fait preuve d’un certain brio dans sa narration. Tous les romans de Brina Svit dans le catalogue des médiathèques Milan Kundera (né en 1929)
En 1975, il quitte la Tchécoslovaquie pour la France avec sa femme. Déchu de sa nationalité tchécoslovaque en 1979, il est naturalisé français par François Mitterrand. C’est pour suivre ses livres qu’il choisi la France. En effet, les seuls soutiens dans les années 70 viennent de son éditeur et d’amis français. En 1979, il découvre la traductions de La Plaisanterie et constate que le texte a été réécrit par le traducteur. Son style dépouillé était devenu baroque et fleuri. Il a depuis repris et contrôlé la traduction en français de tous ces textes jusqu’à écrire, à partir de 1997, ses romans directement dans cette langue.
Tous les romans de Milan Kundera dans le catalogue des médiathèques Eugène Ionesco (1909-1994)
Tous les romans de Eugène Ionesco dans le catalogue des médiathèques Jean-Marie-Gustave Le Clézio (né en 1940 )
Lors de la remise du prix Nobel de littérature lui est décerné en 2008, en tant qu’« écrivain de nouveaux départs, de l’aventure poétique et de l’extase sensuelle, explorateur d’une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante. », il déclare : « La culture à l'échelle mondiale est notre affaire à tous. Mais elle est surtout la responsabilité des lecteurs, c'est-à-dire celle des éditeurs. Il est vrai qu'il est injuste qu'un Indien du grand Nord Canadien, pour pouvoir être entendu, ait à écrire dans la langue des conquérants – en Français, ou en Anglais. Il est vrai qu'il est illusoire de croire que la langue créole de Maurice ou des Antilles pourra atteindre la même facilité d'écoute que les cinq ou six langues qui règnent aujourd'hui en maîtresses absolues sur les médias. Mais si, par la traduction, le monde peut les entendre, quelque chose de nouveau et d'optimiste est en train de se produire ». Tous les romans de Jean-Marie-Gustave Le Clézio dans le catalogue des médiathèques Patrick Chamoiseau (né en 1953)
L’Esclave vieil homme et le molosse (1997)L'hymne des douleurs et des héroïsmes qui manquait aux genèses des peuples caribéens dans la matrice de l'esclavage. Écrire en pays dominé (1997)Trajectoire d'une conscience, intime saga d'une écriture qui doit trouver sa voix entre langues dominantes et langues dominées, entre les paysages soumis d'une terre natale et les horizons ouverts du monde. L'empreinte à Crusoé (2012)Chamoiseau donne sa version de Robinson Crusoé, cette fois en quête de sa conscience humaine. Tous les romans de Patrick Chamoiseau dans le catalogue des médiathèques Maryse Condé (née en 1937)
« C’était une façon de faire connaitre une littérature francophone multiple, celle d’Haïti, très riche, de Martinique, de Guadeloupe, ou d’Afrique. Une littérature en français qui ne parle pas de la France, mais qui est aussi belle, je crois… J’écris en Maryse Condé, une langue qui n’est ni le français ni le créole. Quand je parle français, je parle une langue que j’ai gagnée de haute lutte. Mes ancêtres se sont battus pour posséder le français et me le donner, car on interdisait aux esclaves de le lire et de l’écrire ». Documentaire « Maryse Condé, une voix singulière » écrit par Françoise Vergès, réalisé par Jérôme Sesquin A lire : Moi, Tituba sorcière… (1986) Histoire de la femme cannibale (2003) Tous les romans de Maryse Condé dans le catalogue des médiathèques Dany Laferrière (né en 1953 )
Le français et le créole « Avant d'aller à l'école, à Petit-Goâve où j'ai passé mon enfance avec ma grand-mère, j'ai surtout parlé créole. Toute la vie quotidienne se passait en créole. C'est la langue que je parle sans penser. Et c'est dans cette langue que j'ai découvert qu'il y avait un rapport entre les mots et les choses. Il me fallait aller à l'école. Pour apprendre ce que je sais déjà ? Oui, me répond-t-on, mais cette fois en français. Et c'est quoi le français ? C'est une nouvelle langue ? Mais j'en ai déjà une, il me fallait apprendre le français si je voulais être traité comme un être humain, car ceux qui parlent créole sont des sauvages, le français est une langue de civilisation, donc si tu veux sortir de la sauvagerie, il fallait parler français... Le français est la langue du gagnant, et le créole, celle du vaincu. » A lire : Je suis un écrivain japonais (2008) L’énigme du retour (2009) Tout bouge autour de moi (2011) Tous les romans de Dany Laferrière dans le catalogue des médiathèques René Depestre (né en 1926)
En 1988, il obtient le Prix Renaudot pour Hadriana dans tous mes rêves, où il met en scène une belle zombie sortant de son cercueil… Loin de se considérer comme en exil, Depestre se voit plutôt comme un nomade aux racines multiples. Son œuvre joyeuse, regorgeant de couleurs et de fantaisie, empreinte de merveilleux, mêle politique, érotisme et vaudou. Il a été fortement influencé par le réalisme magique sud-américain et le surréalisme. Il use d'une langue foisonnante où il mêle mythes et souvenirs des Caraïbes, langue qu'il façonne à sa manière comme il le revendique dans Libre éloge de la langue française. Libre éloge de la langue française : De temps à autre il est bon et juste de conduire à la rivière la langue française et de lui frotter le corps avec les herbes parfumées qui poussent bien en amont de nos vertiges d’ancien nègre marron. Yasmina Khadra (né en 1955)
Installé en France depuis 2001, Yasmina Khadra (pseudonyme constituée des deux prénoms de sa femme) écrit en langue française, tandis que sous son vrai nom, c’est l’arabe qu’il utilisait. « Je n'ai pas choisi. Je voulais écrire. En russe, en chinois, en arabe. Mais écrire ! Au départ, j'écrivais en arabe. Mon prof d'arabe m'a bafoué, alors que mon prof de français m'a encouragé. » Voilà ce qu’il dit en guise de boutade quand on lui pose la question du choix de la langue. Mais c’est avec des emprunts au dialecte algérien et des tournures de phrases propres à l’arabe, traduit mot à mot en français, que son écriture, remplie d’images fortes, touche son public. Contrairement aux écrivains algériens d’expression française de la génération de Mohammed Dib qui virent leurs écrits enfermés dans les cercles des gens cultivés, l’écriture de Khadra est plus accessible, toujours en prise avec l’actualité, interrogeant le rapport qu’à l’Occident avec l’Orient. Les Hirondelles de Kaboul (2002) L’Attentat (2005) Les Sirènes de Bagdad (2006) Trois romans forts, humanistes et poignant sur le terrorisme. Tous les romans de Yasmina Khadra dans le catalogue des médiathèques Yahia Belaskri (né en 1952)Né à Oran, Yahia Belaskri quitte l’Algérie après les émeutes d’octobre 1988 et s’installe en France. Sociologue, journaliste, essayiste et romancier, il participe aux travaux de recherche sur la Mémoire de la Méditerranée, posant un regard critique et humaniste sur l’histoire de l’Algérie, de la France et des rapports entre les deux pays. Si tu cherches la pluie, elle vient d’en haut (2010)
Une longue nuit d’absence (2012)
Tous les romans de Yahia Belaskri dans le catalogue des médiathèques Abdelkader Djemaï (né en 1948)Né à Oran, Abdelkhader Djemaï vit en France depuis 1993. Ecrivain discret à l’œuvre importante, il a publié récits et romans dont une trilogie sur le monde de l’immigration Camping, Gare du Nord et Le Nez sur la Vitre (2002, 2003, 2004). Qu'il raconte l'histoire d’Abd el-Kader dans La Dernière nuit de l'émir (2012) ou suive les errances d'un homme perdu dans Un moment d’oubli (2009), son écriture ciselée vise à l’essentiel. Lauréat de plusieurs prix littéraires et chevalier des Arts et des Lettres, il se définit avant tout comme un observateur de vies. Gare du Nord (2003)
Le nez sur la vitre (2004 )Un père, Algérien immigré en France, prend l'autocar pour retrouver son fils qui ne répond plus à ses lettres. Ce voyage en redessine un autre, plus intime : le passé revient au détour d'une autoroute, revisite l'enfance du père, son parcours d'émigré à la vie modeste. Rien ne se passe dans ce court roman. Pourtant jusqu’à la dernière ligne la tension est continue et la douleur muette du père est remarquablement rendue par une écriture épurée. Tous les romans de Abdelkader Djemaï dans le catalogue des médiathèques Léonora Miano (née en 1973)
Ecrivaine révoltée puisant sa force et son lyrisme dans les terres brûlantes de son Cameroun natal, Léonora Miano s'est imposée en 2005 avec son roman, L' intérieur de la nuit dans lequel elle dénonce la barbarie qu'entraînent les guerres civiles d'Afrique, premier opus d’une trilogie qui se poursuivra avec Les aubes écarlates et Contours du jour qui vient (Prix Goncourt des lycéens 2006). Parlant des tabous d'une société désaxée, corrompue et de la souffrances des femmes de son pays, elle fait découvrir à l'occident les contradictions de l'identité africaine. Avec Tels des astres éteints, Blues for Elise et Ces âmes chagrines, l’auteure nous parle de ces visages d’ambre et d’ébène, faces méconnues de l’Hexagone, et crée un vocabulaire nouveau, indispensable pour dire la France de notre temps et les différentes populations qui la composent. Tous les romans de Léonora Miano dans le catalogue des médiathèques Wilfried N’Sondé (né en 1969)Wilfried N’Sondé est né à Brazzaville au Congo, il émigre en France à l’âge de 5 ans. Après de brillantes études à la Sorbonne, la musique « afro-punk » qu’il joue avec son frère le conduit à Berlin en 1989, année de la chute du mur. Il y vit actuellement.
En 2010 il publie Le silence des esprits, roman qui se situe également en France. C’est l’histoire de la rencontre d’un jeune clandestin, Clovis Nzila, qui a participé à la guerre civile dans un pays africain comme enfant soldat et d’une femme plus âgée, infirmière à l’hôpital : « Son cœur s’était ouvert à un monstre, bourreau et victime dans une même âme » (p.158). Ces deux histoires prennent place dans un contexte d’exil, de métissage et de chocs des cultures sur fond de banlieue parisienne. Si les mythologies du Congo servent encore de références magiques aux personnages, il leur faut faire le deuil des origines et prendre toute la mesure du réel. La passion, le désir, la violence des sentiments sont traduits dans une langue vivante et très imagée. Tous les romans de Wilfried N'Sondé dans le catalogue des médiathèques Alain Mabanckou (né en 1966)
Bleu, blanc, rouge (1998)
A lire aussi sur le même thème : African Psycho (2003) Verre cassé (2005) Tous les romans de Alain Mabanckou dans le catalogue des médiathèques Amin Maalouf (né en 1949)
Ses romans mettent en scène des voyageurs (Léon l’Africain, Mani, Baldassare) aux identités multiples, navigant entre diverses terres, langues et religions. Pour ces personnages en fuite, l’exil devient un chemin de connaissance vers soi. Ces héros, symboles de réconciliation entre l’Orient et l’Occident, s’opposent aux identités meurtrières (1998) qui n’engendrent que discriminations. A noter que sur le blog d'Amin Maalouf, il s’intéresse tout particulièrement à l’origine des mots français, les « mots voyageurs » qui sont nés en Orient. Il s’insurge contre le concept de « littérature francophone » employé en France pour désigner les écrivains des anciennes colonies : « prenons l’habitude de dire « écrivains de langue française », en évitant de fouiller leurs papiers, leurs bagages, leurs prénoms ou leur peau ! ». ![]() A lire, sur le thème de l’exil : Origines (2004) : l’histoire de la diaspora familiale de l’écrivain sur trois générations, entre New-York, Paris, le Liban et Cuba. Les désorientés (2012) : le roman du retour sur la terre natale… Tous les romans de Amin Maalouf dans le catalogue des médiathèques Chahdortt Djavann (née en 1967)Son arrivée en France en 1993 est une rupture radicale avec sa vie en Iran, qui se retrouve, avec son féminisme fondé sur les Lumières, au cœur de son œuvre. L’union de la langue française et de la liberté soulagent un peu les souffrances de l’exil et de la rupture avec ses origines. Comment peut-on être français ? (2006)
Bas les voiles ! (2003)Cette romancière qui a étudié la médecine et l'anthropologie a dû, contre son gré, porter le voile en Iran. Dans ce texte bref issu de son expérience personnelle et d'une enquête, elle donne son avis sur la question du port du voile, en particulier dans le contexte français Tous les romans de Chahdortt Djavann dans le catalogue des médiathèques Atiq Rahimi (né en 1962)Romancier et réalisateur ayant la double nationalité, il a reçu le Goncourt en 2008 pour Syngué Sabour, Pierre de Patience. Vivant la guerre de 1979 à 1984, il obtient l’asile politique en France et son doctorat en audiovisuel à la Sorbonne. Contrairement à ses trois premiers romans écrits en persan, Syngué sabour. Pierre de patience est directement écrit en français : « Il me fallait une autre langue que la mienne pour parler des tabous ». Syngué sabour : pierre de patience (2008)
Maudit soit Dostoïevski (2011)![]() Ce roman, inspiré par Crime et châtiment, en reprend la trame pour l'adapter à l'Afghanistan contemporain. Rassoul vient d'assassiner une rentière pour la punir du sort qu'elle fait subir à Souphia, sa fiancée. Il lui dérobe ensuite son argent afin de venir en aide à Souphia et à sa famille. Rongé par le remords, il souhaite se rendre à la police mais personne ne s'intéresse à son cas. Tous les romans et les films de Atiq Rahimi dans le catalogue des médiathèques François Cheng (né en 1929 )Issu d'une famille de lettrés et d'universitaires, François Cheng fait ses études secondaires à Chongquing entre 1937 et 1945. Il s’installe en France en 1948. Imprégné par une double culture, orientale et occidentale, il fait tout d'abord publier des études sur la poésie et l'art de la Chine après son doctorat. Naturalisé français en 1971, en 1974, il est nommé maître de conférences puis professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Dès lors, il poursuit simultanément carrières universitaire et littéraire. Son premier roman Le Dit de Tianyi obtient le prix Femina en 1998. Il reçoit également le Grand prix de la francophonie de l'Académie française en 2001 pour l'ensemble de son œuvre, avant de devenir membre de cette institution en 2002. A l’orient de tout (2005)
A lire également :
Tous les romans de François Cheng dans le catalogue des médiathèques Dai Sijie (né en 1954)Fils de médecins devenus ennemis du peuple en 1966 pendant la Révolution culturelle, il est envoyé en camp de rééducation dans les montagne du Sichuan de 1971 à 1974 et découvre la littérature occidentale. Après la mort de Mao, il obtient une bourse d’études pour l’étranger et vient à Paris en 1984 faire des études de cinéma.
Le français reste pour l’auteur une langue d’adoption et lui permet de publier. Ecrire en français, selon lui, « c’est un jeu intellectuel, une compétition avec moi-même qui m’a fasciné ». Le complexe de Di, Prix Femina en 2003, manie références littéraires et freudiennes et est plein de poésie et d’humour. ![]() Dans Par une nuit où la lune ne s’est pas levée (2007), où il est question de la recherche d’un texte sacré à travers l’apprentissage d’une langue morte, l’auteur fait un gros travail sur les phrases, sur la langue. Dans ses romans, il porte un regard sur sa patrie, ses racines restent en Chine. En fait, l’auteur ne rompt jamais avec son pays. Et s’il écrit en français, c’est tout simplement parce que « c’est la meilleure langue pour écrire des histoires ». Marguerite Duras (1914-1986)Marguerite Duras a vécu pendant dix-huit ans en Indochine et restera partagée toute sa vie entre deux cultures. Ses parents, tous deux instituteurs expatriés s’installent en Indochine en 1909. Sa mère, devenue veuve, enseignante dans une école indigène, élève ses trois enfants seule, très simplement et se sent elle-même très proches des paysannes vietnamiennes. Duras et son jeune frère vivent comme des petits annamites : « On était plus des Vietnamiens que des Français, on vivait comme eux, on parlait vietnamien… on était de la brousse. Vous êtes nés dans le milieu et on vous apprend que vous n’êtes pas vietnamien » (Les lieux de Marguerite Duras, film de Michelle Porte 1976). Pourtant durant toute son enfance, elle s’appliquera à bien lire et écrire la langue française apprise avec sa mère. Le retour définitif de Duras en France date de 1932. Il sera vécu comme un arrachement identitaire et linguistique : « J’ai vécu à Sa Dec et à Vinh Long, sur le fleuve… 17 ans de voyage » (Les lieux de Marguerite Duras). L’auteur, grâce à l’écriture, essaiera beaucoup plus tard de réparer cette blessure et suggère dans plusieurs de ses œuvres sa double appartenance culturelle. On distingue :
Tous les romans de Marguerite Duras dans le catalogue des médiathèques Kim Thuy (née en 1968)Elle est née pendant l’offensive du Têt. Issue d’une famille aisée, à 10 ans elle émigre au Québec avec ses parents. Paru en 2009, Ru est récompensé par de nombreux prix au Québec en 2010 et 2011 et le prix RTL-Lire 2010 en France. Elle a étudié la linguistique et la traduction puis le droit. Elle a exercé en tant qu’avocate, puis a tenu un restaurant et pendant ses brefs instants de répit, a pris quelques notes qui sont devenues un livre, qu’un ami a passé à une maison d’édition… Affirmant avoir 2 langues maternelles, le vietnamien et le français, elle complète : «... Le français est la langue avec laquelle je suis devenue adulte. C'est ma deuxième langue maternelle. Je la sens, elle m'habite… Pour moi, écrire est une célébration des mots qui sous-tend notre chance d'être assez riche - et libre - pour pouvoir lire et écrire ». Ru (2010)
A toi (2011)
Tous les romans de Kim Thuy dans le catalogue des médiathèques Linda Lê (née en 1963)![]() Fille d’une mère naturalisée française et d’un père vietnamien, elle apprend le français au lycée de Saigon; fuyant les bombardements du Vietnam, elle s’installe en France avec sa mère et ses trois sœurs en 1977. En 1995, elle retourne au pays natal pour les funérailles de son père. De retour en France, est confrontée à une grave crise intérieure qu’elle surmonte grâce à l’écriture. Son œuvre, souvent très noire, est marquée par l’abandon simultané du pays natal et du père, par la solitude, le deuil. Dans Au fonds de l’inconnu pour trouver du vivant, elle évoque un « transgresseur, rétif au mariage endogamique des mots », qui « apporte du sang neuf à la littérature fossile ». En effet, avouant elle-même être plus à l’aise avec le français qu’avec sa langue natale, elle utilise des mots rares et précieux, redonnant sa noblesse à une langue française oubliée. Lame de fond (2012)Van, le père, nous parle d’outre tombe : lui, le correcteur de manuscrits envoyés aux éditeurs, le puriste de la langue, se plaisait à dire qu’il ne se sentait « ni vietnamien, ni français, mais toujours dans une position ambigüe ». Il voulait que sa fille soit une dévoreuse de classiques, qui écrit dans un style châtié, ne trébuche pas sur l’imparfait du subjonctif . Alors, lorsqu’il reçoit une lettre de Ulma, sa demi-sœur, cela provoque une véritable « lame de fond » dans son quotidien bien morne. Une occasion de renouer avec une ailleurs plus agréable et de retrouver son identité perdue. Tous les romans de Linda Lê dans le catalogue des médiathèques Nancy Huston (1953)Née à Calgary au Canada, son départ en Europe pour ses études avec Roland Barthes et sa rupture avec une histoire familiale difficile ont été un révélateur pour l’écriture. Maintenant étrangère au Canada et en France, elle peut écrire indifféremment en français et en anglais et se traduit elle-même. Puisant en France l’histoire et la langue qui conviennentt à sa virtuosité de musicienne, elle ouvre au dialogue les histoires (inter)nationales et les mémoires individuelles de ses personnages. Nord perdu ; Douze France (1999)Aborde les difficultés et les défis que présentent l'expatriation et le bilinguisme. Elle se penche sur les différents problèmes que pose le fait de vivre dans un pays dans lequel on n'est pas né, d'en adopter la langue et les coutumes, d'y élever des enfants. Reflets dans un œil d’homme (2012)![]() Nancy Huston explore les tensions contradictoires introduites dans la sexualité en Occident par deux phénomènes modernes : la photographie et le féminisme. Dans ce livre sensible et vibrant d’actualité, puissant et brillamment dérangeant, sur un ton personnel, drôle et pourtant informé, évoquant sans détours sa propre expérience comme celle de son entourage, Nancy Huston parvient à nous démontrer l’étrangeté de notre propre société, qui nie tranquillement la différence des sexes tout en l’exacerbant à travers les industries de la beauté et de la pornographie. Tous les romans de Nancy Huston dans le catalogue des médiathèques |